La mère de Jean-René Junior Olivier, abattue par des policiers de Repentigny en août 2021, a déposé une poursuite contre la Ville de Repentigny
Jeanne Corriveau, 17h03
La mère de Jean-René Junior Olivier, abattue par des policiers de Repentigny en août 2021, a déposé une poursuite contre la Ville de Repentigny et son service de police à qui elle réclame 430 000 $. Elle reproche aux policiers d'avoir utilisé une force démesurée contre un homme qui était en situation de vulnérabilité.
Le 1er août 2021, la mère de Jean-René Junior Olivier, Marie Mireille Bence, avait composé le 911, inquiète pour son fils de 37 ans en proie à une crise de santé mentale et craignant qu'il se bénisse. Au cours de leur intervention ce jour-là, les policiers ont ouvert le feu sur l'homme dont le décès a été constaté plus tard à l'hôpital.
La famille de Jean-René Junior Olivier reproche aux policiers d'avoir eu recours à une « force abusive et disproportionnée envers un homme vulnérable » et d'avoir omis d'établir un « dialogue calme et pondéré » avec lui. « M. Olivier n'était pas en état normal et les policiers n'ont pas tenu compte de cette réalité dans leur travail afin de mieux agir. […] Ils n'ont laissé aucune chance à M. Olivier », souligne la demande introductive d'instance déposée au palais de justice de Joliette mardi.
La mère de M. Olivier réclame de la Ville de Repentigny, de son service de police et des policiers concernés un montant de 430 000 $, dont 250 000 $ à titre de dommages-intérêts compensatoires et 100 000 $ à titre de dommages-intérêts punitifs. La famille de la victime n'ayant jamais été informée de l'identité des responsables concernés, la poursuite ne les nomme pas.
Rappelons que le 16 février dernier, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) avait annoncé qu'aucune accusation ne serait déposée contre les policiers du Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR) à la suite de cet événement. Le DPCP valait alors que les « deux policiers impliqués avaient des motifs raisonnables d'estimer que la force appliquée à l'endroit de l'homme était nécessaire pour leur protection » et que « l'usage de leur arme à feu était le seul moyen de mettre fin à cette menace ». Selon le résumé des faits, les policiers avaient parlementaire une quinzaine de minutes avec M. Olivier afin de le convaincre de déposer au sol son couteau, ce qu'il avait fait à plusieurs reprises. Il avait cependant fini par reprendre son arme pour se ruer vers les policiers qui ont tiré des coups de feu.
Le dossier ayant été judiciarisé, la Ville de Repentigny n'a pas voulu émettre de commentaires.
Enquête publique réclamée
Mardi, deux organismes de lutte contre le profilage racial, la Coalition rouge et Lakay, ont par ailleurs réclamé du ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, qu'il ordonne la tenue d'une enquête publique du coroner afin de faire la lumière sur la mort de M. Olivier.
Dans une lettre envoyée au ministre Bonnardel, la Coalition rouge et Lakay soulignent que le mort de Jean-René Junior Olivier « est le point culminant de l'escalade d'une série d'incidents raciaux entre le SPVR et la communauté noire de Repentigny ». Selon eux, le racisme et les préjugés systémiques qui existent au SPVR ont subi le décès de l'homme noir de 37 ans.
Dans leur demande, les deux organismes font la liste des événements survenus au cours de la dernière décennie ayant valorisé au SPVR de multiples accusations de profilage racial.
En 2013, deux enfants noirs de 12 ans, Shewany Tshilombo et Kélian Ruault, avaient été menottés et fouillés alors qu'ils jouaient à cache-cache lors d'une fête à la Marina de Repentigny. La Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ) avait commandé que le SPVR et trois policiers versent 42 000 $ en dommages moraux et punitifs. La décision ayant été portée en appel, le Tribunal des droits de la personne devra trancher plus tard cette année.
En 2017, Leslie Blot avait été arrêté alors qu'il était assis dans son véhicule sur sa propriété et qu'il gonflait des ballons pour une fête d'enfants. Menotté par les agents, l'homme noir avait reçu quatre constats d'infraction totalisant plus de 750 $. Jugeant que M. Blot a été victime de profilage racial, la CDPDJ avait commandé à la Ville de Repentigny de verser 38 400 $ au citoyen, décision qui a été portée en appel.
En juillet 2022, le Tribunal des droits de la personne avait condamné le SPVR et deux de ses policières à verser 8000 $ pour profilage racial à l'endroit de François Ducas, enseignant noir au secondaire qui avait été interpellé en 2017 alors qu'il conduisait une BMW.
La Coalition rouge et Lakay rappellent aussi le cas de Hèzu Kponwbié qui, alors qu'il assistait à une partie de baseball dans un parc de Repentigny, avait été interpellé par des policiers après qu'il eut ramassé un ouvre-lettres qu'un ami de son fils était tombé au sol. L'homme, qui avait filmé son interpellation, avait été accusé de possession d'une arme blanche, puis acquitté par la Cour municipale.
Plan d'action
Mis sous pressions, le SPVR a présenté en septembre 2021 un plan d'action baptisé « Évoluons au rythme de notre communauté » afin de revoir ses pratiques et bâtir des ponts avec les différentes communautés, mais Lakay estime ce plan insuffisant.
Questionné par Le Devoir en août 2022 à savoir s'il reconnaissait l'existence du profilage racial au sein du SPVR, le nouveau maire de Repentigny, Nicolas Dufour, avait fait preuve de prudence. « Je ne peux pas dire oui, je ne peux pas dire non », avait-il dit. « Mais il y a beaucoup d'interpellations, et ça nous inquiète. »
La Coalition rouge et Lakay jugent que le lien de confiance entre le SPVR et les citoyens de Repentigny n'existe plus et que la décision du DPCP de ne pas porter d'accusations dans le dossier de Jean-René Junior Olivier est « la goutte qui a fait déborder le vase ».
Mardi, le cabinet du ministre Bonnardel n'a pas voulu commenter la demande d'enquête faite par les deux organismes.
La mère de Jean-René Junior Olivier, abattue par des policiers de Repentigny en août 2021, a déposé une poursuite contre la Ville de Repentigny et son service de police à qui elle réclame 430 000 $. Elle reproche aux policiers d'avoir utilisé une force démesurée contre un homme qui était en situation de vulnérabilité.
Le 1er août 2021, la mère de Jean-René Junior Olivier, Marie Mireille Bence, avait composé le 911, inquiète pour son fils de 37 ans en proie à une crise de santé mentale et craignant qu'il se bénisse. Au cours de leur intervention ce jour-là, les policiers ont ouvert le feu sur l'homme dont le décès a été constaté plus tard à l'hôpital.
La famille de Jean-René Junior Olivier reproche aux policiers d'avoir eu recours à une « force abusive et disproportionnée envers un homme vulnérable » et d'avoir omis d'établir un « dialogue calme et pondéré » avec lui. « M. Olivier n'était pas en état normal et les policiers n'ont pas tenu compte de cette réalité dans leur travail afin de mieux agir. […] Ils n'ont laissé aucune chance à M. Olivier », souligne la demande introductive d'instance déposée au palais de justice de Joliette mardi.
La mère de M. Olivier réclame de la Ville de Repentigny, de son service de police et des policiers concernés un montant de 430 000 $, dont 250 000 $ à titre de dommages-intérêts compensatoires et 100 000 $ à titre de dommages-intérêts punitifs. La famille de la victime n'ayant jamais été informée de l'identité des responsables concernés, la poursuite ne les nomme pas.
Rappelons que le 16 février dernier, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) avait annoncé qu'aucune accusation ne serait déposée contre les policiers du Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR) à la suite de cet événement. Le DPCP valait alors que les « deux policiers impliqués avaient des motifs raisonnables d'estimer que la force appliquée à l'endroit de l'homme était nécessaire pour leur protection » et que « l'usage de leur arme à feu était le seul moyen de mettre fin à cette menace ». Selon le résumé des faits, les policiers avaient parlementaire une quinzaine de minutes avec M. Olivier afin de le convaincre de déposer au sol son couteau, ce qu'il avait fait à plusieurs reprises. Il avait cependant fini par reprendre son arme pour se ruer vers les policiers qui ont tiré des coups de feu.
Le dossier ayant été judiciarisé, la Ville de Repentigny n'a pas voulu émettre de commentaires.
Enquête publique réclamée
Mardi, deux organismes de lutte contre le profilage racial, la Coalition rouge et Lakay, ont par ailleurs réclamé du ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, qu'il ordonne la tenue d'une enquête publique du coroner afin de faire la lumière sur la mort de M. Olivier.
Dans une lettre envoyée au ministre Bonnardel, la Coalition rouge et Lakay soulignent que le mort de Jean-René Junior Olivier « est le point culminant de l'escalade d'une série d'incidents raciaux entre le SPVR et la communauté noire de Repentigny ». Selon eux, le racisme et les préjugés systémiques qui existent au SPVR ont subi le décès de l'homme noir de 37 ans.
Dans leur demande, les deux organismes font la liste des événements survenus au cours de la dernière décennie ayant valorisé au SPVR de multiples accusations de profilage racial.
En 2013, deux enfants noirs de 12 ans, Shewany Tshilombo et Kélian Ruault, avaient été menottés et fouillés alors qu'ils jouaient à cache-cache lors d'une fête à la Marina de Repentigny. La Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ) avait commandé que le SPVR et trois policiers versent 42 000 $ en dommages moraux et punitifs. La décision ayant été portée en appel, le Tribunal des droits de la personne devra trancher plus tard cette année.
En 2017, Leslie Blot avait été arrêté alors qu'il était assis dans son véhicule sur sa propriété et qu'il gonflait des ballons pour une fête d'enfants. Menotté par les agents, l'homme noir avait reçu quatre constats d'infraction totalisant plus de 750 $. Jugeant que M. Blot a été victime de profilage racial, la CDPDJ avait commandé à la Ville de Repentigny de verser 38 400 $ au citoyen, décision qui a été portée en appel.
En juillet 2022, le Tribunal des droits de la personne avait condamné le SPVR et deux de ses policières à verser 8000 $ pour profilage racial à l'endroit de François Ducas, enseignant noir au secondaire qui avait été interpellé en 2017 alors qu'il conduisait une BMW.
La Coalition rouge et Lakay rappellent aussi le cas de Hèzu Kponwbié qui, alors qu'il assistait à une partie de baseball dans un parc de Repentigny, avait été interpellé par des policiers après qu'il eut ramassé un ouvre-lettres qu'un ami de son fils était tombé au sol. L'homme, qui avait filmé son interpellation, avait été accusé de possession d'une arme blanche, puis acquitté par la Cour municipale.
Plan d'action
Mis sous pressions, le SPVR a présenté en septembre 2021 un plan d'action baptisé « Évoluons au rythme de notre communauté » afin de revoir ses pratiques et bâtir des ponts avec les différentes communautés, mais Lakay estime ce plan insuffisant.
Questionné par Le Devoir en août 2022 à savoir s'il reconnaissait l'existence du profilage racial au sein du SPVR, le nouveau maire de Repentigny, Nicolas Dufour, avait fait preuve de prudence. « Je ne peux pas dire oui, je ne peux pas dire non », avait-il dit. « Mais il y a beaucoup d'interpellations, et ça nous inquiète. »
La Coalition rouge et Lakay jugent que le lien de confiance entre le SPVR et les citoyens de Repentigny n'existe plus et que la décision du DPCP de ne pas porter d'accusations dans le dossier de Jean-René Junior Olivier est « la goutte qui a fait déborder le vase ».
Mardi, le cabinet du ministre Bonnardel n'a pas voulu commenter la demande d'enquête faite par les deux organismes.
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